dimanche 29 juin 2014

Apnée




Inspiration. S'arrêter là, seuil du poumon, trachée fermée, passage condamnée, l'air est sequestré.
Tout est fermé, le calme règne.

A ce moment là le corps semble être une cathédrale, vide, silencieuse, l'oxygène y tourne en rond, sans issue. C'est le seul moment où l'on peut sentir la pierre vivre. De légers craquements dans la charpente, un lointain écho sur le marbre, un vitrail qui vibre au passage du vent, un bourdonnement, la palpitation qui irrigue toute la structure, ce son sourd dans les oreilles, cette porte qui ne demande qu'à céder. Enfin elle s'ouvre, la rançon est trop élevée, et le vacarme emplit la cathédrale, le souffle hurle entre ses colonnes et gonfle ses contreforts. Tout le mobilier s'agite en un fracas ininterrompu, tel un moulin l'édifice accueille sans retenue tous les vents et personne ne songe d'ordinaire à leur barrer le passage.


A ce moment là je suis maitre de moi, dans un lieu connu, imperméable à l’extérieur et à ses incertitudes. Je laisse passer l'air à regret, comme un passant indiscret. Ses moment sont trop brefs, mais ils sont ailleurs parfois, dans ses bras, au pied d'un arbre, beaucoup d'autres en fait.
Mais tout cela est trop bref, pourquoi faut il que le prix à payer soit si lourd... Tout n'est pas bon à prendre, nous nous perdons sans cesse, englué dans le présent, l'oubli coule dans nos veines et fait battre nos paupières mais à quoi bon prendre du recul ? J'ai l'impression que le monde est en flamme depuis la première étincelle de l'humanité.






Image : spirit of freedom by soa paparisa