samedi 28 mai 2016

Circulation







Les arbres secs tendent leurs bras vers le ciel, les murs mous s'affaissent comme un enfant fatigué le soir de Noël. Je vis dans une boite, je parcours ses facettes jour après jour.

Qu'est il arrivé, jadis nous pouvions voir les étoiles, pouvoir nous incliner devant des rois, des reines, des guerriers, à l'époque où l'humain pouvais se transcender, dépasser sa condition, devenir un symbole.

Cet argent qui s'échappe comme des fourmis qu'on attrape à pleine mains, ces tours de verre et d'acier, le temps qui coure devant nous, ou qui nous poursuit avec les bras grands ouverts. La matière que l'on absorbe, nous broyons des végétaux avec nos dents, découpons la viande, on enfourne toujours plus de charbon dans la machine, honteux de nos déchets qui semblent dire : "vois, vois ce que tu fais au monde".

Et la danse continue, le cycle de combustion, la roue de feu n'est-elle qu'une spirale qui s'enfonce ? L'immortalité nous échappe, nous croyons aux cycles, au deuxième épisode, la suite, la porte de sortie, mais nous ne ferons qu'un seul tour.
Ce simple espoir nous suffit à continuer à tourner. Autour de quoi ? Je ne sais pas, l'espoir, la vie, la mort, ou nous-même. Ne me parlez pas de drogues, d'amour ou de tout autre paradis artificiels, nous abusons nos sens pour penser à autre chose.
Les instincts dont nous ne savons que faire, les normes qui nous serrent comme un vêtement mal coupé, nous sommes perdus, en équilibre sur cette corde, contraints d'avancer pour ne pas tomber.
Notre conscience de soi, notre individualité, sont apparus comme une maladie qui incubait en nous depuis le premier Feu. Elle s'est déclarée au cours des derniers siècles, nous privant de cette capacité à dépasser notre condition, à devenir une cause, un symbole.
Elle ne nous laisse pas oublier notre condition. Alors nous continuons d'avancer, en tournant autour de nous même, enfermés dans la boite.