mercredi 27 juillet 2016

Le Livre






Ceux qui suivent le Verbe n’en finissent plus d’abreuver de sang la Terre
Et malgré toutes leurs légions, aucune victoire ne fut remportée par les enfants du Fer
Les disciples aveugles éteignaient sur leur route toute lumière.

Ils gravent frénétiquement leur monde dans le sol, le croyant immortel, construisent des monuments de ruines, lisent les oiseaux et écoutent les étoiles. Leur ignorance est une chute libre.
Dans des cloîtres baignés de sang ils tentent de créer la vie avec des morceaux de mort, et de lire avec leurs yeux percés des langues anciennes, qu’ils ont eux-mêmes oubliées. Prisonniers dans leur cellule de chair, le ciel qu’ils souhaitent tant atteindre se dérobe à leur regard.
Maudits sont-ils, éternels assoiffés, brillants dans la nuit comme des torches, écorchés obligés d’errer dans le sable.

Une autre ère leur succédera et le vent balayera leurs visions insensées. L’envie de mort s’étouffera et retournera se cacher à l’ombre d’antiques récits, venus des vieux mondes, n’attendant que celui qui entendra ce qu’elle lui murmure entre les lignes.






mardi 5 juillet 2016

Vivre pour soi




Qu'est ce que cela veut dire ? Vivre pour soi, penser à soi, bâtir des choses. Pourquoi ? Se sentir bien ? Se faire plaisir ? Est-ce la fin ou le moyen ?
Améliorer sa vie, son corps, son confort, construire le plus beau château de sable, je ne sais même pas quoi écrire tellement cela semble vain.
Le vent l'emportera, nous avons besoin d'être reliés les uns aux autres pour tenir l'épreuve du temps. Ou peut-être n'est ce que moi.
Il y a l'art, l'amour, ces choses que l'on laisse derrière nous. La volonté de changer le monde, d'améliorer le sort, se battre pour continuer de faire tourner la roue, apporter sa pierre.
Je n'ai rien de tout ça, je ne veux pas me battre, pas même pour moi. Les seules choses que j'aime en ce monde sont celles qui m'en font sortir, quel non-sens de vivre pour oublier que l'on vit.
Je laisse pourrir mon temps, les heures s’égrènent et chacune d'entre elle est riche d'infinies possibilités. Je les regarde passer, cherchant sur mon écran de quoi alimenter ma curiosité, en vain toujours. Car ce que j'apprends n'est pas rentable, du savoir superflu, je lis avec la même avidité l'histoire d'un pays que ma bouteille de shampoing. Les pages google défilent et rien ne se construit. Je me suis engagé dans une voie où il faut se battre, se rendre visible, qu'ai-je fait ? Je voulais connaître le mécanisme d'un fusil, pas en tenir un.
Je ne suis pas un leader, ni un suiveur, je ne suis pas un solitaire ni un profiteur, et je ne souhaite être aucun de ces profils. Je ne sais toujours pas qui je suis ni ce que je veux être, je me laisse porter par le courant. Je ne suis sans doute pas le seul mais croyez vous que cela me réconforte ?
Cette question me bloque, si je ne sais pas qui je suis, comment savoir ce que je veux ? Ou ce que je ne veux pas ? Dans ma tête c'est la feuille blanche. Lorsque je suis seul je végète, attendant quelque chose qui m'arrachera à mon évasion.
Pas de passion, pas de vision, pas de désir sinon de fuir toute réalité. Alors vivre pour soi...soi n'existe pas. Je ne fais que tourner autour de moi même, une spirale narcissique mais je n'arrive à accrocher aucune aspérité, rien ne dépasse, tout est lisse. Je n'arrive pas à me saisir de moi même.
J'ai une identité, une personnalité pour le monde extérieur, mais je ne sais pas tracer ma propre route.
Où suis-je ? Je n'en peux plus de ne pas le savoir. Il ne suffit plus maintenant de suivre les consignes, de passer dans la classe supérieur. Il est l'heure de vivre pour soi.


Comme tout est étrange.





Image : Martin Wittfooth