mardi 6 juin 2017

Drogue




Vous ne comprenez pas ce qu'est la drogue.

On entendra tout ce qui est possible, à chaque drogue ses stéréotypes. Violent, apathique, illuminé, paresseux, manipulateur et voleur, le drogué aurait l'excuse de la substance.

Mais la drogue n'existe pas en soi, ou plutôt elle est partout car elle n'est pas un produit mais un comportement. Son étymologie incertaine en est une bonne illustration, en fonction des époques et des sociétés cela a pu désigner des épices, des matériaux exotiques, des fournitures de faibles valeurs, des herbes aromatiques ou médicinales ou aujourd'hui des composés chimiques. La notion de drogue est donc très floue, en France par exemple, l'alcool n'est pas perçu comme tel et bien que son caractère addictif ne soit pas contesté, il n'est pas considéré comme manifestation d'un problème social ou personnel.

Une large part de nos médicaments (ou "drugs" en anglais hein), sont constitués de produits psychoactifs qui peuvent engendrer une dépendance, sans que cela ne nous vienne à l'esprit de qualifier de "drogué" un patient, même sous morphine.

De plus la plupart des drogues qui fonctionnent sur nous (comme les opiacés ou les cannabinoïdes) ont un équivalent "fait maison" dans notre cerveau, et nous en recevons des doses quotidiennes. En réalité notre cerveau déverse à chaque instant quantités de substances psychoactives qui régulent nos comportements.





La drogue n'est en fait qu'un jugement social, pas forcément erroné mais conditionné par une vision générale. On reconnait le comportement du camé à certains traits de caractères (qu'il soit héroïnomane ou gros fumeur de cigarette) que l'on attribue sans réserves à la drogue. Mais ce n'est pas la substance en soi qui change la personne, c'est l'engrenage en entier, la dépendance n'en est qu'une partie. Les symptômes seront différends en fonction de chaque personne car nous ne sommes pas égaux sur ce plan. Une multitudes de facteurs influent sur le résultat de la prise de produits. L'éducation, l'appréhension, les attentes que l'on peut en avoir etc... impossible de savoir sans essayer. Certains cherchent le côté festif, d'autres la méditation, d'autres cherchent l'efficacité aui travail, l'évasion, et d'autres ne font qu'assouvir un besoin qu'ils ne peuvent plus ignorer.
Autour de vous vivent pleins de drogués, ils consomment régulièrement de l'alcool ou du tabac, ne se lèvent pas sans un café, ne dorment pas sans un porno, prennent des anti-dépresseurs, conduisent trop vite ou dépensent trop d'argent sur internet. La plupart ont des vies normales, parfois même épanouissantes.

L'addiction est une folie, et comme toutes les folies, c'est une faille qui ne demande qu'à s'élargir. Voilà où se situe la frontière, là où on devient un vrai drogué. Cela n'est pas lié à la substance, ni même à sa quantité mais à notre comportement autour d'elle. Lorsque nos choix à son sujet dégradent le reste de notre vie, comme une névrose envahissante. Certains prennent de la cocaïnes régulièrement en boîte de nuit sans que cela ne les affecte au quotidien, d'autres n'ont pris qu'une trace et ne s'en relèveront jamais tout à fait. De même s'il n'y a pas de vin à table, il n'y en aura toujours plus déçu que les autres...


Bien sur certaines substances ne pardonnent pas, la dépendance peut être physique et violente, mais parmi les myriade de comportements pathologiques que nous pouvons avoir, elles ne sont finalement qu'une minorité. Il n'est pas plus aisé de desintoxiquer un opiomane qu'une anorexique, chaque cas est unique.

Enfin comment ne pas citer le fameux lieu commun : "on prend de la drogue pour fuir la réalité".
C'est une évidence ! Mais n'est pas ce que vous faites quand vous écoutez de la musique à fond en voiture sur une route de campagne ? Quand vous riez avec vos amis autour d'une bière ou que vous partez en vacances ? Ouvrir un livre, dériver sur internet, rester des heures au téléphone ou partir courir quand le soleil se lève.

Finalement, qui aime vraiment ça, la réalité ?






image : andres hurtado - inner struggle