samedi 21 octobre 2017




Et s'il revenait ? Si le démon s'éveillait à nouveau, si son avis redevenait important ? Me retrouverais-je à tenir conseil avec lui toutes les nuits ? Si je ne savais plus quoi faire, si mes forces et mes certitudes s'envolaient ? Placerait-je à nouveau mes choix entre ses mains ?
Et pourtant il me semble si loin, même une photo ne le rendrait pas plus réel. Son souvenir est devenu vide, creux, je ne suis plus capable de le reconnaître. Il n'est même pas mort, car la mort place les souvenirs sous cloche, non il s'est dissous comme un mauvais rêve.

Un peu comme cet ami d'enfance. Mon "meilleur ami" à l'époque, nous étions inséparables et d'une loyauté indéfectible envers l'autre. Le genre de lien que l'on n'imagine pas voir brisé.
Et pourtant les courants de la vie nous éloignent, rendent nos rencontres plus rares, puis nous séparent tout à fait. D'autres expériences s'accumulent, d'autres rencontres, et cette belle amitié reste à sa place, dans l'enfance.
Des années plus tard je l'ai revu, par hasard. Sans savoir comment je l'ai reconnu instantanément. En fait il n'avais pas changé, juste grandi et forci (sa passion pour le rugby, au contraire de la mienne, n'avait pas décrue). Nous avons échangé quelques mots avant de nous quitter définitivement, à nouveau.
Cela aurait pu être n'importe qui, nous n'avions plus rien en commun depuis longtemps et nous ne nous connaissions pas en réalité. Je ne l'ai pas vraiment revu ce jour là, j'ai vu l'homme qu'il était devenu. L'enfant qu'il était n'est pas mort...il n'est plus.

C'est un peu ce que je ressens, je sais qu'il ne peut pas revenir tel que je l'ai connu, trop de choses ont changé.
Pourtant au fond de moi je l'imagine comme une porte de sortie. La dernière issue, si par malheur j’atteins le fond.

Si ce sourire dans la glace me semble familier, c'est que c'est le mien.




image : faceless by ryan merill